Monika Chabior, adjointe au maire de Gdansk (Pologne)

Depuis la fin du mois de février, près de 30 000 Ukrainien.ne.s sont arrivé.e.s sur le territoire français, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Les équipes de France Bénévolat, mobilisées depuis plusieurs années aux côtés des personnes migrantes pour les accompagner dans leur parcours d’intégration par le bénévolat, sont évidemment solidaires de ces réfugié.e.s ukrainien.ne.s et souhaitent apporter leur soutien.

Dans le cadre fixé par les préfectures, beaucoup de dispositifs ont été mis en place à l’initiative des municipalités, relayés par France Bénévolat.

C’est pour réfléchir ensemble aux actions à mener qu’une réunion était organisée lundi dernier en présence d’une invitée exceptionnelle, Monika Chabior, adjointe au maire de Gdansk, en Pologne.

Avec plus de deux millions d’ukrainien.ne.s ayant franchi la frontière polonaise, ce pays se trouve en première ligne pour l’accueil des réfugiés. Comment cette arrivée massive a-t-elle été gérée par les autorités ?

Comment l’accueil s’est-il organisé ? Monika Chabior a bien voulu répondre à nos questions.

 

Plus de deux millions de réfugiés sont entrés en Pologne fuyant l’invasion russe en Ukraine. Comment cette arrivée massive a-t-elle été accueillie par les autorités à Gdansk et dans le pays ?

La situation à Gdansk ne peut pas être comparée à celle des villes frontières directement concernées par cette arrivée massive.

La ville de Gdansk a mis en place depuis 2016 un bon modèle d’intégration, plus difficile à mettre en place lorsqu’on a des milliers de réfugiés, mais qui peut servir d’exemple.

Le choix de Gdansk comme capitale européenne du volontariat en 2022 n’est pas seulement un titre honorifique, mais bien la reconnaissance de bonnes pratiques que la ville souhaite partager avec les autorités polonaises.

Parmi ces bonnes pratiques, un travail important de coordination des différents acteurs de l’accueil et de l’intégration des personnes migrantes et surtout la création, en 2016, d’un conseil de migrants (d’immigrés) qui se réunit une fois par mois pour identifier les problèmes rencontrés par cette population dans son intégration et émettre des recommandations auprès de la mairie.  

Depuis l’invasion ukrainienne le dialogue avec le gouvernement s’est intensifié, la ville de Gdansk partageant ses analyses et recommandations.

Le gouvernement polonais a ainsi adopté un projet de loi destiné à légaliser et à faciliter le séjour des réfugiés ukrainiens en Pologne. Selon ce décret les Ukrainiens bénéficieront d’un droit au séjour de 18 mois, d’un accès au marché du travail, aux services de santé et aux établissements d’éducation.

 

Comment l’accueil de tant de réfugiés s’est-il organisé ?

Dès l’annonce de la guerre la population a été fortement mobilisée. Il est apparu très vite qu’il fallait donner un cadre à ces actions pour éviter la dispersion et assurer la sécurité des réfugiés.

Deux jours après le début de la guerre, la ville de Gdansk a créé une structure de coordination pour permettre à chacun de savoir où s’adresser.

Ce groupe de coordination comporte des Polonais, Russes, Ukrainiens, Biélorusses qui se répartissent les tâches.

Un point de collecte centralisé a été organisé dans un stade de foot pour gérer la répartition des produits et permettre aux associations de venir chercher ce dont elles ont besoin et d’acheminer des convois vers l’Ukraine. 

Des compagnies locales de bus sont mobilisées pour faciliter les transports des réfugiés à partir de Lviv et des postes frontières.

Le dispositif d’hébergement en hôtel arrive à sa fin. L’aide financière du gouvernement ne suffit plus. Des gymnases ont été mis à disposition pour accueillir les réfugiés une nuit ou deux avant de les orienter vers une autre destination.

Un millier de places ont été offerte par des particuliers à Gdansk. Les autorités sont allées vérifier la crédibilité de ces offres, les standards avec le souci de sécuriser l’accueil des personnes.

Des plateformes web ont été développées pour partager les ressources.

Aujourd’hui, le système d’accueil fonctionne un peu différemment tirant les enseignements des premières arrivées.

On demande davantage aux réfugiés s’ils ont envie de rester en Pologne ou pas.

Selon leur souhait, ils sont dirigés sans attendre vers d’autres régions de Pologne ou pays.

Un certain nombre souhaitent aller en Suède : des ferrys sont mis à disposition gratuitement.

 

Quels sont les défis auxquels la Pologne est aujourd’hui confrontée ?

La Pologne est aujourd’hui confrontée à de grands défis.

En raison de la mobilisation militaire générale, de nombreux hommes ukrainiens travaillant en Pologne sont rentrés dans leur pays pour combattre ou rejoindre leurs proches, quittant leur emploi.

Les réfugiés arrivant sont principalement des femmes, des enfants et personnes en situation de handicap avec des besoins spécifiques auxquels il faudra répondre : 

  • travail des femmes pour subvenir à leurs besoins
  • garde et scolarisation des enfants. Les écoles avaient déjà 2000 enfants migrants. Viennent d’arriver 3000 enfants ukrainiens et les écoles manquent de places.
  • prise en charge insuffisante des personnes en situation de handicap (financements attendus du gouverment).

Enfin, les mesures prises pour accueillir dans les meilleures conditions les personnes fuyant l’Ukraine ne doivent pas se faire au détriment des autres populations en situation de précarité. Un difficile équilibre à maintenir.

 

Le Conseil d’Immigrés de Gdansk

Ce conseil, créé en 2016 à l’initiative du maire de Gdansk, était l’une des  recommandations émises lors l’étude « Modèle d’Intégration des Immigrés à Gdansk».

Le rôle de ce Conseil, qui a ses propres règles de fonctionnement et son code éthique, est consultatif.

Il comprend des immigrés et étrangers résidant de façon permanente à Gdansk et actifs dans leur communauté, ainsi réparties selon leur origine géographique : Ukraine (5) – Biélorussie (4) – Russie (2) – Italie (1) – Tchétchénie (1) - Crimée (1) – Nigeria (1) – Allemagne (1)

Parmi les 16 personnes qui le composent : 9 femmes et 7 hommes.

Ce conseil bénéficie de l’appui des employés de la mairie (organisation des réunions, support administratif, communication etc..). Il n’a pas de budget propre mais ses besoins sont pris en charge par la mairie.

Le conseil des immigrés est un organisme indépendant : il émet des recommandations auprès du maire de Gdansk et assure ses propres activités dans le domaine de l’intégration des immigrés dans la ville.  Son travail vise principalement les habitants de Gdansk mais inspire beaucoup de villes dans la région.

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